Du vin dans l’âme

Brève histoire des liens entre vin et littérature :

Très tôt les écrivains français se sont emparés de ce motif et la plupart du temps pour en faire l’éloge. Au XVIIe siècle, Ronsard et Du Belley célèbrent le vin. À cette époque, boire et manger font l’objet d’un raffinement croissant et la littérature se fait l’écho de ces changements. C’est à la même époque que le moine bénédictin Dom Pierre Pérignon invente le champagne. Ce breuvage devient alors le vin des élégants des raffinés.

Toute l’œuvre de Rabelais dont le nom du personnage Pantagruel signifie l’assoiffé, contre la quête de la « Dive bouteille », de « l’oracle de la dive bouteille » à laquelle il faut s’abreuver, métaphore de la connaissance dont il faut se repaître.

Toutefois, on trouve également dans la littérature des pages savoureuses raillant l’ivresse des valets comme chez Molière au XVIIIe siècle, mais elles restent minoritaires. Quant à l’illustre Montaigne, il est bien le seul à ne pas comprendre les saveurs d’une douce ivresse.




Au XIXe siècle fleurissent les portraits de l’artiste en alcoolique comme chez Verlaine, fameux consommateur d’absinthe ou encore chez Rimbaud. Dans leurs cas, l’ivresse et l’expérience de la création se confondent, l’alcool participe au processus littéraire. L’ivresse est ici magnifiée. En 1781, Louis Sébastien Mercier dans Tableau de Paris développe l’idée que seuls les artistes savent savourer les grands vins et ils les invitent à fréquenter les plus fortunés afin d’accéder à leurs caves qu’ils ne savent apprécier à leur juste valeur. Le lien entre vin, ivresse et création est alors scellé.

Baudelaire classe le vin dans les Paradis artificiels à côté du haschich. L’ivresse comme instant de grâce.

Longtemps, le procédé de vinification est resté un mystère. C’est seulement au XXe siècle grâce aux travaux de l’école de Bordeaux que l’on comprend scientifiquement ce qui se passe lors de la fermentation. Ce liquide semble alors magique, le vin est capable de modifier notre perception et il est d’autant plus magique que sous son effet nous semblons nous révéler, impossible de mentir après quelques verres de ce breuvage.

N’oublions pas d’ailleurs, que, dans notre culture chrétienne le vin est lié au miracle, lors des noces de Cana, Jésus transforme l’eau en vin.

Le XXe siècle et ses poètes continuent de de magnifier le vin. Claude Simon, prix Nobel de littérature en 1985 et dont le vin irrigue l’œuvre, était lui-même vigneron.

Plus proche de nous, la bande dessinée d’Etienne Davodeau, « Les Ignorants », raconte la rencontre entre le dessinateur et un viticulteur. Ce n’est plus alors seulement le vin qui est célébré mais toute une profession. 

 

Article rédigé par Sophie Choné – Solmaz, artiste peintre.

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